Depuis que je me suis écrasé, j’essaie de comprendre. J’essaie vraiment.
Les humains, ils prennent leur amour et l’enferment dans une petite boîte, dans une petite bulle fragile, certains le compressant même jusqu’à ce qu’il disparaisse.
Les humains, ils s’inventent des règles, puis se font de la peine en les brisant. Ils se détestent chaque fois qu’un pied ou une main dépasse de la boîte, pour des histoires de termes, et moi, parmi eux, je ne sais dire que « je t’aime ».
- Je t’aime.
- Comment ?
- Je t’aime, tout simplement.
- Pourquoi ?
- Je t’aime, tout simplement.
- Ah… tu me prêtes cinq dollars ?
- Cinq quoi ?
Les humains, quand ils cessent d’essayer de définir l’amour, ils angoissent pour des métaux.
Ils parlent toujours de métaux, ils deviennent fous pour des métaux et des billets qui tachent les doigts. Ils capitalisent tout. Ils vivent pour ce qu’ils appellent « l’argent », pour servir des multinationales et des gouvernements. Ils semblent déterminés à servir leurs rois. Ils sont dociles, ils choisissent presque toujours d’enrichir les plus grands en achetant les produits les plus sournois. L’argent semble avoir surpassé leurs lois, et tout le reste.
Les humains, ils toussent souvent.
Lorsque je suis arrivé, tout nu, perdu, ils m’ont donné une carte de crédit, puis m’ont obligé à m’habiller. À présent, si j’ai bien compris, je leur appartiens. En m’endettant, ils ont fait de moi l’un des leurs. Mais j’ai dû mal comprendre, ça n’a juste aucun sens. Ils me regardent de haut, me parlent d’impôt à payer, me demandent si j’ai été vacciné, si j’ai de l’argent caché…
Les humains, ils cherchent.
Ils cherchent un moyen de s’enrichir avec moi même si je n’ai plus rien. J’habite dans la rue, j’ai quitté les miens et je n’ai plus aucun bien. Ils cherchent quand même. Ils vont chercher longtemps.
Leur société semble si lointaine de ce qui se passe dans ma tête.
Je crie au secours en espérant une réponse des miens ! Je me suis perdu, venez me chercher ! S’ils ne me trouvent pas d’utilité, s’ils ne trouvent pas un moyen de capitaliser, ils vont juste me laisser crever…
Venez vite, j’en ai trouvé d’autres comme moi, y’ont faim, y’ont soif… pis l’hiver arrive trop vite.
Signé Nonoco, un extraterrestre parmi tant d’autres
Dominic Fortin
15 novembre 2011
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